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la Corée du Nord et le nucléaire: historique
Publié le 10/12/2008 à 12:00 par coreedunordecjs

Le programme nucléaire nord-coréen est né dans les années 1960, avec l'acquisition auprès de l'Union soviétique d'un petit réacteur de recherche. A partir de cette base, la Corée du Nord a développé un programme indigène au sein du complexe de Yongbyon dont le coeur est constitué notamment par un réacteur nucléaire expérimental en fonctionnement de 5 mégawatts et une usine de retraitement du plutonium partiellement achevé.[...] L'existence du programme nucléaire nord-coréen est découverte par les services de renseignement américains en 1984. En 1985, la Corée du Nord adhère au TNP mais ne conclut l'accord de garantie avec l'AIEA prévu par le traité que le 9 avril 1992. C'est donc seulement en mai 1992 que l'AIEA a pu commencer à mener des inspections et des visites destinées à vérifier l'inventaire initial des installations et matériaux nucléaires fourni par la Corée du Nord. Dès l'été et l'automne 1992, des écarts flagrants apparaissent entre cet inventaire et les résultats des inspections de l'AIEA concernant le niveau passé de la production de plutonium.[...] C'est en 1994 cependant que la crise atteint son paroxysme quand d'une part, la Corée du Nord, après avoir accepté une inspection de l'AIEA, refusa au dernier moment à celle-ci l'autorisation de prélever des échantillons radioactifs de l'usine d'extraction du plutonium de Yongbyon. Le 13 juin, la Corée du Nord annonçait son retrait de l'AIEA.[...]
C'est cependant la voie de la négociation qui fut rapidement privilégiée et aboutit à la signature, le 21 octobre 1994, d'un accord cadre entre la Corée du Nord et les Etats-Unis. Aux termes de cet accord, la Corée du Nord s'engagea à geler les opérations en cours dans ses installations nucléaires, et notamment à stopper la production de matières fissiles de qualité militaire, et promit de démanteler à terme ses réacteurs graphite-gaz et son usine de retraitement du combustible. En échange, un consortium multinational était constitué qui s'engageait à construire deux réacteurs à eau légère de 1 000 mégawatts, moins proliférants, et à livrer 500 000 tonnes de pétrole par an jusqu'à l'achèvement du premier de ces réacteurs. Ce consortium, plus connu sous le nom de KEDO (Korean Peninsula Energy Development Organization) fut mis en place le 9 mars 1995. [...] Les avantages de l'accord de 1994 sont indéniables dans la mesure où il a conduit au gel, voire au démantèlement, d'installations nucléaires qui auraient donné à la Corée du Nord la capacité de produire et éventuellement d'exporter une douzaine d'armes nucléaires par an.[...]
Enfin, rien ne permet d'exclure que, sous la pression de factions politiques et scientifiques, la Corée du Nord ne nourrisse toujours des ambitions nucléaires et ne cherche à reconstituer son programme. Dans la mesure où elle a développé des moyens exclusivement indigènes, il n'existe, en l'absence d'inspections approfondies, aucune preuve formelle de l'abandon de toute recherche."
De fait, début octobre 2002, lors de la visite en Corée du Nord du secrétaire-adjoint américain chargé de l'Extrême-Orient et du Pacifique, James Kelly, des responsables nord-coréens ont avoué continuer à développer un programme d'armement nucléaire, en violation de l'accord du 21 octobre 1994 qui en prévoyait le gel. Cette annonce a été faite lorsque la délégation américaine a présenté des indices de la poursuite du programme nucléaire nord-coréen. L'accord de 1994 est désormais considéré comme caduque aussi bien par les Etats-Unis que par la Corée du Nord.
Le 12 décembre 2002, la Corée du Nord annonce la réactivation de son programme nucléaire. Le 21 décembre, elle démantèle les dispositifs de surveillance nucléaire de l'AIEA (Agence internationale pour l'énergie atomique), et expulse le 31 les derniers inspecteurs de l'Agence qui contrôlaient le complexe nucléaire de Yongbyon au nord de la capitale Pyongyang. Le 10 janvier 2003, elle annonce son retrait du TNP (Traité sur la non-prolifération nucléaire).
En août 2003, des pourparlers multilatéraux réunissant les délégations de six pays, Corée du Nord, Corée du Sud, Etats-Unis, Chine, Japon et Russie débutent à Pékin sur la dénucléarisation de la Corée du Nord.
Le 19 septembre 2005, à l'issue d'une quatrième série de négociations, une déclaration conjointe est signée dans laquelle la Corée du Nord s'engage à abandonner son armement nucléaire en échange de la possibilité d'utiliser l'énergie nucléaire à des fins civiles. Elle s'engage également à rejoindre le Traité de non prolifération nucléaire (TNP) qu'elle a quitté en janvier 2003. Mais le 20, Pyong Yang pose de nouveau comme condition préalable au démantèlement de son programme d'armement nucléaire la livraison des réacteurs à eau légère censés satisfaire ses besoins en électricité. De nouveaux pourparlers sont prévus en novembre 2005.
Le 9 octobre 2006, la Corée du Nord annonce avoir procédé à un essai nucléaire souterrain. L'explosion s'est produite à Hwadaeri au nord-est du pays, sa faible puissance mesurée par les capteurs sismiques de moins de 5 Kilotonnes intriguant quant à la nature exacte du test nucléaire. Le 14 octobre, le Conseil de sécurité de l'ONU adopte à l'unanimité la résolution 1718 qui stipule la mise en oeuvre de sanctions financières et un embargo en matière d'armements envers la Corée du Nord.
Le 13 février 2007, aux termes de l'accord intervenu à Pékin à l'issue des négociations à six, Chine, Corée du Nord, Corée du Sud, Etats-Unis, Japon, Russie, Pyongyang s'engage à "désactiver" son programme nucléaire en échange d'une aide énergétique et alimentaire et de garanties de sécurité par les Etats-Unis.
Le 3 octobre 2007, un nouvel accord est signé par les gouvernements des six pays qui participent aux pourparlers sur le programme nucléaire nord coréen, sur le processus de démantèlement des installations nucléaires de la Corée du Nord : selon cet accord, la Corée du Nord accepte de démanteler ses trois principales installations nucléaires à Yongbyon avant le 31 décembre 2007, sous la supervision d'un groupe d'experts. Elle s'engage dans le même temps, à donner la liste complète de ses programmes nucléaires. En échange, une aide énergétique équivalente à un million de tonnes de fioul lourd, lui sera fournie.
Le 26 juin 2008, la Corée du Nord transmet une déclaration détaillant les matériaux et équipements nucléaires du pays. Toutefois elle ne fournit pas de précisions sur le nombre d'armes nucléaires qu'elle détient, ni sur ses activités d'enrichissement de l'uranium et de prolifération dans le passé. La remise de ce document constitue cependant une avancée tangible suffisante pour Washington qui annonce la levée des sanctions bilatérales imposées depuis 1950 à la Corée du Nord et décide de retirer le pays de la liste des Etats soutenant le terrorisme sur laquelle il figure depuis 1988. Le 27, La Corée du Nord procède à la démolition d'une tour de refroidissement de son réacteur nucléaire de Yongbyon.